L'Orage, Jamais Je Ne M'En Degage
En suivant le fil allongé de l'attirance pour elle,
Je me mis à une randonnée cherchante en dépit du ciel bas.
Tout à coup, il faisait de l'orage. La pluie torrentielle
Et le courant d'air houleux comme de frustrants fatras,
Tout au dépourvu me surprirent en chemin.
De tout mon long, je me sentais cingler par de nombreux grains.
Tout de suite, la pluie sévère m'a trempé,
Tout inaperçue, l'attendance passionnée m'a trompé.
Tout de fer, le vain souhait se refusait de s'y plonger,
Tout inaperçu, le ténu sentiment s'en abreuvait trop de lampées.
Tout au vague survenu, toutes les vagues d'assurance enfuies.
Tout inaperçus, les chaudes larmes se mêlaient à la froide pluie.
Tout à jet continu, dans l'esprit sourdait l'ombre de sa figure fugace,
Tout inaperçus, les diligents pas firent place au involontaire surplace.
Tout le long, je faisait le pied de grue,
La bourrasque, l'orage déferlant; les déceptions, les affres noyantes,
Cette durée faisait tout sillonner à perte de vue,
Soit de but en blanc, soit aux ondées louvoyantes,
M'accablant de la sensation gourde comme de glace,
M'arrachant à mon attachement profond pour sa trace.
Tout d'airain, l'inclémence s'empara de moi, en heurta l'émoi,
En détruisit toute songerie et en charria toute foi aux abois.
Tout d'attendrissement, le romantisme s'abandonna à la clôture,
s'y échoua tout seul, s'y étiola tout petit, puis s'y étouffa tout obscur.
Qu'elle sache repêcher ma poursuite égarée,
Car c'était l'épave éprouvée dans la marée;
Qu'elle se souvienne de mettre sous globe mon souci transi,
Car cela fera la meilleure récompense à l'amour aussi nanti.
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